
Bernard Dimey avec Michel Simon, Photo: Daniel Deschamps.
"Je n'ai rien fait que des chansons..." 80
interprètes. Parmi lesquels: Charles Aznavour, Mouloudji, Serge Reggiani,
Henri Salvador, Placido Domingo, Michel Simon, Zizi Jeanmaire, Jean Ferrat,
Jean-Claude Pascal, Les frères Jacques, Philippe Clay, Juliette Gréco, Bourvil,
Barzotti, Raoul de Godewarsvelde, Sacha Distel, Sophia Loren... 400 Chansons
enregistrées
De "Mémère", JACQUES BREL a dit que c'était la plus
belle chanson d'amour jamais écrite et qu'il avait composé "Les Vieux Amants"
après l'avoir entendue.
"Je l'avoue, jamais je n'avais entendu prononcer le nom de Bernard Dimey. Et
vous? je suis effaré, presque gêné, qu'un gars puisse avoir autant de talent,
d'esprit, de verve, de trouvailles cocasses, à la fois acides et tendres,
d'audace jamais vulgaire, qui fait mouche à tout coup, et qu'il ne soit pas au
moins aussi populaire que Georges Brassens."
Jérôme Gauthier(Extrait de
"Canard Enchaîné")
"C'était un tragique qui ne se prenait pas au sérieux"
MOULOUDJI
"Bernard DIMEY, la plus grande Agence
de voyages du Monde"
Michel CÉLIE
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Jean Louis FOULQUIER:
(Extrait de "Au large de la nuit"),
Denoël, 1990, pp, 59-60.
Bernard Dimey est un cactus du pavé de la butte. Ancré là et increvable. Lorsque
nous passons la rue des Abesses, il me dit: "On va à Paris." Il m'apprend les
dangers de la ville et s'emploie à me faire renifler la vie et les secrets de ce
quartier. Les choses importantes se passent au village et nulle part ailleurs.
Lorsque je rencontre Bernard Dimey, je ne sais pas encore qui il est. Pourtant,
il a déjà écrit Mon truc en plumes pour Zizi Jeanmaire, Mémère
Pour Michel Simon et Syracuse pour Henri Salvador. Ses poèmes
voyous ont déjà biberonné toute un génération avide de sensations
suburbaines. Il dit ses textes au "Gavroche" et au "Tire-Bouchon" et se suffit
largement d'une notoriété de cabaret.
Dimey est le pacha du village Montmartre et règne en maître sur le sommet de
cette pièce montée gorgée de traditions. Il aime les rituels. Chaque samedi
après-midi il m'attend sur le coup de quatorze heures. Je suis planté devant un
petit bouquiniste, le regard rivé sur sa fenêtre. J'attends son signal pour
monter. Il ouvre la fenêtre et gueule sans apparaître: "Foulquier, t'as du
Bordeaux?" Sans attendre, je m'engouffre dans son allée, sors ma bouteille de
Bordeaux et me présente à lui, la gueule enfarinée, comme un gamin visitant le
père Noël. On s'asseoit face à face. Je l'écoute parler, bougonner et tourner les
pages de son encyclopédie de la vie. Je le regarde avec un tel bonheur qu'il se
sent aimé pour la première fois. Je deviens son fils adoptif, sa mascotte
montmartroise. Soudain, je n'ai plus honte de mon inculture qui devient une
chance. Cette soif d'apprendre et de comprendre bouleverse nos rapports.
Désormais, je ne peux respirer sans l'ombre de Dimey. C'est un abri, un
havre de paix régénérant, un professeur imprévisible. Mon guide, premier de
cordée. Ma conscience.
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