Petite histoire d'un grand homme

Bernard DIMEY
est né le 16 juillet 1931 à Nogent,
un petit village dans l'est de la France.
Sa mère est coiffeuse à domicile,
son père ouvrier ciselier.

Il est né écrivain. Une revue de Haute-Marne publie ses premiers poèmes, il a alors quinze ans. Puis quelques années plus tard, deux petits recueils de poèmes de Bernard paraîtront aux éditions Seghers. Dimey passera ses années de jeune homme à Troyes où il s'adonnera à l'écriture, au journalisme et à la peinture sous le pseudonyme Zelter. Enfin, après avoir enseigné quelques jours dans un collège, il désertera l'éducation nationale dans le brouhaha de la récré. Dans une caserne, pour noyer son chagrin, il apprend à boire, car c'est le temps de la guerre d'Algérie et trop de ses copains y ont laissé leur peau. Nous sommes en 1958. DIMEY, la fleur aux lèvres, a jeté sa défroque de trouffion car le chien de Léo Ferré déteste les militaires.

Tout juste arrivé à Montmartre, il s'installe en pacha dans son nouveau fief. A vingt-cinq ans, il est le roi du village et c'est tant mieux, car les artistes de l'époque ont élu domicile à la taverne d'Attilio sur la place du Tertre. Mouloudji, Aznavour, Patachou, Jean-Claude Pascal et Francis Lai entre autres deviennent ses amis et ses interprètes. La joyeuse bande se disperse. Dimey se marie avec Lili Landry en 1961, Henri Salvador chante la chanson qu'ils ont faite ensemble: "Syracuse".
Dimey écrit les poèmes du "Testament", poèmes en prose, le prophète n'a que trente ans. D'autres genres l'attirent: comédie musicale, scénarios de films, pièces de théâtre. Coquatrix le pousse sur la scène de l'Olympia où il séduit le public simplement en disant des poèmes.

La vague de yéyé évince les chansons texte. Le fisc, que Bernard a toujours trop négligé, lui vide les poches et son compte en banque. Les huissiers font des courants d'air dans sa maison, sa femme le quitte.
Sur la péniche de l'Armée du Salut, les clochards l'appellent, mais les dieux en ont décidé autrement. Il rencontre Yvette Cathiard et la vie repart. Les soirées se passent aux cabarets, trois par soir, où Dimey s'ouvre et se donne, le coeur éclaté sous les projos de ces petites scènes.
Michel Célie passe par là. En 1966, avec son frère Pierre, il a créé la maison de disques DEESSE. S'ensuivent sept Albums où Bernard dit des Textes, et quinze ans d'amitié, de repas pantagruéliques, de jouissance du verbe et des voyages en Egypte, au Québec ...

Il obtient le prix Charles Cros avec "Ivrogne et pourquoi pas", qu'il clame comme une profession de foi. Le cinéma lui fait de l'oeil, il tourne un peu, impressionne la pellicule. Il produit une série d'émissions de télé, multiplie les galas.
Dominique, sa fille, arrive dans sa vie, elle a vingt-deux ans ... Et puis, alors que les cinquante ans de Bernard s'apprêtent à sonner, au petit matin du 1er juillet 1981, ses amis Michel Simon et Edith Piaf, déjà partis chez les anges depuis longtemps, le réclament sur leur petit nuage céleste.

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